Qualification des Lions Indomptables : Mboma satisfait mais pas rassuré
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Publié le : 2013-11-18 23:58:12
Quand les Lions ne sont plus indomptables, ils savent encore rugir pour le plaisir de tout un peuple. Facile vainqueur de la Tunisie le 17 novembre dans sa vĂ©tuste arĂšne de YaoundĂ©, le Cameroun se qualifie pour la septiĂšme Coupe du Monde de la FIFA™, un record en Afrique. Deux buts dans la premiĂšre demi-heure et deux autres du vĂ©tĂ©ran Jean II Makoun dans la derniĂšre offrent sa troisiĂšme victoire Ă  l’Allemand Volker Finke.

Le septiĂšme sĂ©lectionneur des Lions Indomptables depuis 2007 a-t-il prescrit l’ordonnance salvatrice Ă  une Ă©quipe nationale grippĂ©e depuis plusieurs annĂ©es ? "Cette qualification est peut-ĂȘtre l’arbre qui cache la forĂȘt", rĂ©pond l’ancien capitaine Patrick Mboma, en exclusivitĂ© pour FIFA.com.

Champion olympique en 2000 et double vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations en 2000 et 2002, Mboma porte un regard critique sur les maux structurels de lÂ’Ă©quipe nationale, malgrĂ© une campagne de qualification rĂ©ussie, avec cinq victoires, deux nuls et une dĂ©faite. "Pendant des annĂ©es, l’aura passĂ©e des Lions a permis de vĂ©hiculer une image obsolĂšte, celle d’une nation phare et modĂšle du football africain. Mais le peuple est lassĂ©, il n’est plus possible de le leurrer. Les gens en ont marre et il y a encore deux, trois semaines beaucoup se disaient mĂȘme qu’il serait prĂ©fĂ©rable qu’on n’aille pas Ă  la Coupe du Monde", nous explique le Ballon d’Or africain 2000.

Pas de surprise possible

"Alors bien sĂ»r que le jour du match, pas un Camerounais nÂ’Ă©tait pas Ă  fond derriĂšre son Ă©quipe, moi le premier. Mais je n’ai aucune illusion et je n’attends rien de notre parcours en Coupe du Monde", annonce le meilleur buteur de la J-League en 1997, qui n’oublie pas tous les problĂšmes qui depuis six ans parasitent le quotidien de la sĂ©lection. "Une surprise comme en 1990 ne sera pas possible. Oui, je voulais qu’on y aille, mais pour le bonheur de 20 millions de personnes et de 23 athlĂštes qui en rĂȘvent. Pas pour en attendre quelque chose."

Avec 13 points, huit buts inscrits et trois encaissĂ©s avant le barrage face Ă  la Tunisie, le Cameroun de Samuel Eto’o a pourtant dominĂ© le Groupe I. Sans ĂȘtre opposĂ©s Ă  des cadors continentaux - le Togo et le RD Congo Ă©taient passĂ©s par le premier tour et la Libye est la seule nation nord-africaine Ă  n’avoir jamais participĂ© Ă  une Coupe du Monde de la FIFA™ -, il a au moins donnĂ© certains gages. Mais pour Mboma, venger les absences - "logiques" selon lui - aux deux derniĂšres CAN ne suffit pas Ă  cautĂ©riser des plaies qui saignent encore.

"On a la chance d’avoir un rĂ©servoir sans fond, donc on arrive toujours Ă  sortir des joueurs. Mais regardez lÂ’Ă©quipe actuelle, il n’y a personne au niveau au poste de latĂ©ral droit ou pour occuper tout le couloir dans un 3-5-2, donc forcĂ©ment le jeu bascule Ă  gauche", analyse le double meilleur buteur de la CAN, en 2002 et 2004. "En attaque, il y a des jeunes qui arrivent mais ils ne font quÂ’Ă©merger et je ne suis pas sĂ»r qu’ils puissent assurer la relĂšve des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes. Nous avons huit milieux rĂ©cupĂ©rateurs mais personne pour animer le jeu et donner les ballons. RĂ©sultat, c’est Alexandre Song qui doit souvent s’y coller, ce n’est pas normal."

Une table en bois

Comme beaucoup d’anciens internationaux, Mboma pointe du doigt le manque de professionnalisme du football camerounais et rĂ©clame un changement structurel, en profondeur. "Que s’est-il passĂ© aprĂšs 2006, quand les Lions ont manquĂ© la Coupe du Monde ? Que s’est-il passĂ© aprĂšs 2010, quand nous avons sauvĂ© notre place au dernier moment alors que le groupe Ă©tait plutĂŽt facile ? Il faut arrĂȘter de croire au PĂšre NoĂ«l, mĂȘme si nous ne nous Ă©tions pas qualifiĂ©s, rien n’aurait changĂ©", regrette-t-il. "Le Cameroun n’a pas apportĂ© de nouvelle flamme au football africain depuis la finale de la Coupe des ConfĂ©dĂ©rations en 2003. En Coupe du Monde, nous n’avons atteint les quarts de finale qu’à une seule reprise donc quand j’entends qu’une Coupe du monde sans le Cameroun serait dommage, je rĂ©ponds : ‘Mais avec le Cameroun, qu’est-ce que ça apporte de plus ?’", dĂ©veloppe Mboma, persuadĂ© que tous les tracas et querelles qui entourent le quotidien des Lions empĂȘchent les joueurs de rester concentrĂ©s sur un seul objectif. Pour l’instant, Volker Finke peut se targuer d’ĂȘtre l’homme de la situation, ce fĂ©dĂ©rateur dont le vestiaire a besoin. Peut-il remettre le Cameroun en Ă©tat de dompter Ă  nouveau l’Afrique ? "Je le rĂ©pĂšte, le malaise est structurel", rĂ©torque Mboma. Que faudrait-il donc faire ? "Ajuster notre football sur nos moyens", rĂ©pond-il. "Il est impossible d’essayer de dupliquer ce qui se fait dans les championnats europĂ©ens ou au Japon. Si on n’a que du bois, on fait une table en bois. Il s’agit de tropicaliser le savoir que moi-mĂȘme et d’autres joueurs avons appris Ă  lÂ’Ă©tranger dans diffĂ©rents pays."

Malgré la joie de la qualification, Mboma met déjà en garde ses successeurs sur les dangers qui les attendent au Brésil. Il leur reste sept mois pour les surmonter et faire mentir leur glorieux aßné.

Fifa.com
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